La compagnie Mues soutient le travail chorégraphique et pédagogique de Lara Lannoo.
Crée en 2023, elle œuvre au partage de pratiques somatiques, en particulier à la transmission de la méthode Feldenkrais. En même temps, elle produit et diffuse des recherches et des créations chorégraphiques. Ce travail artistique explore la mise à l’épreuve de nos sens, de nos corps et de nos territoires par les turbulences sociales, écologiques, économiques qui agitent l’époque. Il s’attache à saisir les gestes et les mouvements, les bascules et les déplacements, les grandes et petites batailles, les mues et les métamorphoses, qui affectent les corps. Il interroge comment la vague déferlante des bouleversements globaux et le tourbillon des micro-résistances remodèlent l’intime et l’intériorité.
Les créations, les performances et les interventions de la compagnie cherchent à ouvrir, par le mouvement dansé, une réflexion critique sur les milles et unes manières de tenir et de se tenir dans ce monde précaire et précarisé, entre équilibre et déséquilibre, chute et ancrage. En contexte urbain comme en milieu rural, par les créations artistiques et les pratiques somatiques, en s’adressant à un public large et divers, Mues se donne pour objet la prise de conscience par le mouvement et le partage sensible des expériences incorporées.
Lara Lannoo est chorégraphe, praticienne Feldenkrais et boulangère.
En tant que danseuse/chorégraphe, elle a suivi des formations professionnelles en danse contemporaine/performance en Belgique et au Portugal. En tant que praticienne, elle transmet la méthode Feldenkrais au sein d’HONOLULU à Nantes. Elle organise régulièrement des rencontres et des ateliers au croisement des pratiques dansées et des explorations somatiques. Elle est installée depuis plus d’une dizaine d’années à Notre Dame des Landes, où elle a lutté avec tant d’autres contre la construction d’un aéroport. Elle y travaille aujourd’hui au sein d'une coopérative agricole et artisanale en tant que boulangère, coordonne des activités culturelles et participe à une vie collective en prise avec les luttes actuelles. Par ces pratiques, elle cherche à enrichir nos façons de vivre et de nous mouvoir.
@Lara Lannoo
DOIDOIDOI
Projet
Doïdoïdoï est une pièce solo pour deux voix, une danseuse et une comédienne, qui dialoguent et cherchent à dessiner les contours de ce phénomène à fois si commun et si singulier : la douleur.
Cette création naît de ma propre expérience de la migraine comme matière à danser et à dire. Je connais cette douleur. Je la fréquente depuis plus de 20 ans. Elle fait partie de moi. Elle m’habite. Je l’habite. Elle vit en moi. Je vis avec elle, malgré elle. Je la sens poindre en moi avant même qu’elle ne survienne. Régulièrement, elle m’envahit. Comme une force invisible qui m’écrase et me laisse sans voix. « Le réel de la souffrance échoue à se nommer, accédant à un ordre qui n’est pas celui de la langue » - Esther Lardreau / La Migraine, biographie d'une maladie.
Comment alors faire dialoguer cette douleur en moi avec la douleur qui affecte les autres corps que le mien ? Comment faire résonner ensemble les expériences singulières d’une douleur qui nous travaille tous·tes de l’intérieur ?
L’expérience douloureuse est souvent une expérience totale. L’objet de cette recherche, c’est à la fois la douleur elle-même et la manière dont nous cherchons à vivre avec. La douleur appelle l’appréhension, la peur, le désespoir, la souffrance, l’apprivoisement, la débrouille. Les errances médicales, les chants pour éloigner le mal, les croyances qui nous font tenir, tout ce à quoi on s’accroche pour vivre. Ainsi, la douleur appelle une multitude de gestes.
Nombreux·ses sont les penseur·euses et créateur·ices qui ont, par leur vie contrainte dans la douleur, laissé·es des traces au monde, à l’image de la philosophe Simone Weil. Leurs mots rythmeront la danse, instaurant un incessant dialogue entre la parole et le corps. Un dialogue comme un écho à celui entre le corps et le cerveau qui structure l’expérience de la douleur chronique.
Comment soigner ? Comment la danse et la poésie peuvent-elles s’intégrer dans une démarche de soin ? Comment apaiser, conjurer, cohabiter avec la douleur ? Cette recherche-création sera jalonnée de rencontres, d’ateliers de pratiques corporelles, de lectures, de cercles de paroles pour dire nos douleurs.