La compagnie Sfumato crée des oeuvres contemporaines,chorégraphiques et in-disciplinaires. Etablie en 2022 à Lyon, elle soutient et produit les projets artistiques de Clara Grosjean et des collaborateur.rices qui l’accompagnent. Elle s’implante en région Rhône-Alpes, et s'étends à l’international.
Entre art visuel et art vivant, la compagnie Sfumato s’aventure à agrandir le territoire de la chorégraphie. Elle questionne la manière de donner corps, d’incarner la matière dansée, et cherche à s’affranchir d’un espace scénique fermé et frontal comme lieu de(re)présentation. La chorégraphie est souvent mise en étroite relation avec des artefacts, objets plastiques en tout genre, qui viennent à la fois nourrir et déranger le mouvement.
Dans une société occidentale détachée de l’expérience corporelle, oubien qui considère le corps comme une machine, la compagnie Sfumato s’attache à revenir à l’expérience sensible du mouvement :explorer avec attention ce qui se passe à l’intérieur de nous, pensées,émotions, rêves... Dans les traditions anciennes et holistiques, on considérait que nous n’avons pas un corps, mais plusieurs : le corps physique est en un, mais il coexiste avec nos corps mentaux,émotionnels, énergétiques.
Clara Grosjean
Les Marées Sèches
Projet
Les Marées Sèches est une performance pour algues et humaine, en relation de manière horizontale et non-hiérarchique.
La question fondamentale et point de départ de la création est : Comment créer une oeuvre chorégraphique non-anthropocentrique, c’est-à-dire qui ne soit pas centrée sur l’humain ?
J’ai choisi d’inviter les algues à venir cohabiter au côté de d’une performeuse dans un espace performatif. Les algues sont la seule matière végétale qui nous relie au monde marin. Pourtant aujourd’hui, leurs proliférations sur les côtes bretonnes dues à l’agriculture intensive sont perçues comme une menace et ont créées des tensions politiques. Elles sont traitées comme des déchets.
La performance est à la fois chorégraphique, visuelle et vivante. La tentative de mettre deux espèces au même niveau implique de moduler la centralité et la présence de la performeuse dans une oeuvre dite « chorégraphique », qui, traditionnellement et de manière assez anthropocentrique, montre la virtuosité et la beauté des corps humains en mouvement. Ici, je m’empare de cette friction, de ce paradoxe et j’étends la notion de chorégraphie pour laisser aux algues la place d’exister et donner à voir leur propre performativité.
La performance s’inscrit dans la temporalité du cycle des marées : il s’agit d’un format d’une durée de 6 heures et 12 minutes, qui est le temps du passage d’une marée basse à une marée haute. Le choix de cette durée permet de changer notre état de conscience et d’adopter un autre rythme de vie que celui de l’humain : c’est également un
acte de résistance face à l’accélération de nos vies et du productivisme qui appauvrissent notre écoute du vivant.
Cette performance n’est pas seulement d’une oeuvre qui parle d’écologie, où l’écologie est la thématique ou une métaphore. Ici, je pars de valeurs et de concepts éthiques et écologiques, comme fondations de tout développement
artistique. L’écologie dans ce projet est la forme et le fond, un engagement et une expérimentation sensible.